Suite à la fin de concession et après plus de 8 ans d’âpres négociations et d’opposition entre les acteurs favorables à l’arasement ou au contraire au maintien de l’ouvrage, la décision a été prise en 2010 par le Ministère de l’Environnement de réduire la hauteur du barrage de Poutès de 18 à 4 mètres pour permettre un franchissement de l’ouvrage sans retard dommageable pour les saumons.
EDF a alors réuni un comité d’experts autour de ce projet afin d’en assurer la réussite technique. Quatre années ont permis d’aboutir à un projet qui tout en assurant une production quasi-équivalente pour EDF, devait enfin permettre la renaissance de l’amont de l’Allier grâce à l’abaissement du barrage.
Les documents de programmation des travaux et les premières phases présentées et validées par la préfecture de Haute Loire, étaient après 8 ans date de l’échéance de l’ancienne concession, enfin sur les rails. Mais stupeur ! En pleine mise en place des plateformes préparatoires aux travaux, le projet vient d’être ajourné par EDF mettant à mal les espoirs de reconquête…
Souhaitons que le respect et la confiance des acteurs envers l’entreprise EDF ne soit pas ébranlés, que l’aménagement prévu pour rétablir la continuité écologique ne redevienne pas un simple projet visant à renouveler la concession acquise grâce à des travaux non effectués à ce jour. Il faut dès aujourd’hui, penser à la migration automnale et mettre en œuvre un protocole visant à faire remonter les saumons en amont de Poutès dans les meilleures conditions. En effet, au 06 juin, 10% des saumons ayant atteint Vichy au printemps 2016 sont déjà observés à Langeac, à 30 km en aval de Poutès. Cette proportion, est un record depuis 2004, date du premier suivi annuel de la migration sur ce site jusqu’à 2008 (où les installations ont été vandalisées). Il faut également réfléchir sur un protocole garantissant la dévalaison des smolts au printemps 2017. Les saumons ne peuvent plus attendre !
Faisons-en sorte que cet ajournement ne soit pas l’abandon pur et simple du projet et engageons dès aujourd’hui les réflexions pour minimiser au maximum les impacts de l’ouvrage pendant les périodes de dévalaison (arrêt de turbinage, lâchures significatives) et de montaison (fin mars à mi-décembre)… L’avenir du saumon en dépend !
Enfin, si le projet est trop coûteux, abandonnons la reconstruction qui représente la grande partie du montant financier. Contentons-nous de l’arasement qui économiquement, techniquement et écologiquement, reste la meilleure solution.
Lire aussi
Article de France 3 Auvergne du 2 juin 2016 : Haute-Loire : les travaux du barrage de Poutès sont reportés
Article de La Montagne du 5 juin 2016 : Les travaux de Poutès reportés à 2017
Photos : Manifestation contre le barrage de Poutès en 1991 (source : nouveau-poutes.fr)