Concertation sur le mix énergétique jusqu’au 18 janvier : le développement de la petite hydroélectricité en question

La concertation en ligne

Le gouvernement a lancé une grande concertation nationale sur le mix énergétique intitulée « Notre avenir énergétique se décide maintenant » jusqu’au 18 janvier : https://concertation-strategie-energie-climat.gouv.fr/.
Trois thèmes sont ouverts au débat :
Thème 1 : Comment adapter notre consommation pour atteindre l’objectif de neutralité carbone ?
Thème 2 : Comment satisfaire nos besoins en électricité, et plus largement en énergie, tout en assurant la sortie de notre dépendance aux énergies fossiles ?
Thème 3 : Comment planifier, mettre en œuvre et financer notre transition énergétique ?

Sur le thème 2, l’une des questions concerne particulièrement l’avenir de nos cours d’eau puisqu’il s’agit de la question de l’hydroélectricité (thème 2, question 2.7) : https://concertation-strategie-energie-climat.gouv.fr/27-le-developpement-de-lhydroelectricite
3 réponses sont proposées à cette question :
A. Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets ;
B. Optimiser l’existant et, concernant de nouveaux sites, aménager uniquement ceux dont le potentiel est significatif ou ceux présentant une sensibilité environnementale quasi-nulle ;
C. Développer tous les projets hydroélectriques, y compris les très petites installations pour maximiser les capacités installées, et y compris les projets plus coûteux, tout en essayant de limiter les impacts environnementaux ;

Pour assurer les besoins énergétiques, sujet ô combien d’actualité, la France s’est dotée dès le début du XXème siècle d’installations importantes assurant 90 % de la production hydroélectrique nationale. En effet, de grands barrages hydroélectriques sont implantés sur tous les grands bassins et fleuves français. Ces barrages ont un eu impact considérable sur les populations de poissons, et notamment les grands migrateurs pour lesquels il est indispensable d’accéder à des habitats spécifiques en particulier pour leur reproduction. Dans le bassin de la Loire, par exemple, 76 % des zones de reproduction historiques (avant fin du XIXème) du saumon atlantique sont condamnées aujourd’hui car situées au-dessus de barrages hydroélectriques infranchissables.

Par ailleurs, au cours du XXème siècle, nombre de petits ouvrages d’anciens moulins ont été convertis pour la production hydroélectrique. Sur le bassin de la Loire, il existe environ 700 microcentrales hydroélectriques. En France, la petite hydroélectricité représente près de 90 % des installations mais moins de 10 % de la production française d’hydroélectricité.

Ces ouvrages créent des perturbations importantes sur les cours d’eau aujourd’hui bien connues et largement documentées dans la bibliographie :

  • modifications des écoulements entraînant une uniformisation et une perte d’habitats aquatiques, le réchauffement des eaux et une baisse de la qualité,
  • des blocages des sédiments et organismes aquatiques dont les poissons. Les turbines des ouvrages hydroélectriques entrainent par ailleurs  des risques de blessures et mortalités des poissons à la dévalaison lorsqu’ils ne sont pas traités efficacement.

Avec la multiplication des ouvrages, même petits, ces impacts se cumulent tout au long des cours d’eau.

Seuls les aspects de continuité (accès aux habitats des poissons à la montaison comme à la dévalaison) peuvent être en partie compensés sur les ouvrages de taille réduite à moyenne. Néanmoins, seulement 10 à 20 % des ouvrages hydroélectriques du bassin de la Loire sont mis aux normes alors que la réglementation date de 2012 et les techniques maîtrisées.

La position de Logrami

Aujourd’hui, les besoins en énergie évoluent et la question des énergies dites renouvelables est prégnante. Mais l’hydroélectricité a un impact très important sur l’état de cours d’eau et des populations de poissons notamment. Au vu des implantations déjà existantes, des très faibles possibilités de productions au niveau des ouvrages non équipés – et qui sont vouées à la diminution du fait de la baisse attendue des débits –, de l’impact déjà considérable et non compensé des installations déjà existantes, la poursuite du développement de la petite hydroélectricité est incompatible avec la préservation des cours d’eau et des populations de grands migrateurs.
D’autres solutions sont possibles, à commencer par la fameuse « sobriété énergétique » dont il est enfin question suite aux augmentations des coûts énergétiques ! A noter que même les scénarios de développement massif des énergies renouvelables électriques (étude Futurs énergétiques 2050) n’envisagent pas le développement de l’hydroélectricité.

Documentation et références

. L’OFB en 2022 : https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/cdr-ce/2022-01_Synthe%CC%80se-Impacts-Hydroelectricite.pdf
. La page de l’OFB sur la continuité écologique des cours d’eau https://www.ofb.gouv.fr/la-continuite-ecologique-des-cours-deau
. La page du ministère de l’écologie sur l’hydroélectricité : https://www.ecologie.gouv.fr/hydroelectricite
. Le guide sur l’hydroélectricité, les enjeux et les impacts sur les cours d’eau, de France Nature Environnement : https://ged.fne.asso.fr/weblib/repositorySharing/publication.html?7fc7094c-cc77-4170-8691-f803ed42c4cc
. La page de LOGRAMI sur les mortalités liées aux ouvrages hydroélectriques : https://www.migrateurs-loire.fr/mortalite-des-smolts-par-les-turbines-hydroelectriques/