Fin des travaux au barrage de Poutès

Le réaménagement du barrage de Poutès, construit en 1941, au cœur des frayères de saumons les plus productives de l’Allier, vient de s’achever après 3 ans de travaux. En entravant l’accès aux meilleurs lieux de reproduction, ce barrage à l’origine haut de 18 mètres, s’est révélé le point noir majeur pour leur migration sur l’ensemble de l’axe Loire-Allier et conditionnant pour l’avenir du saumon ligérien.

Le nouvel ouvrage reconstruit, prévu à l’origine à 4 mètres de haut, mesure in fine 7 mètres avec deux vannes centrales qui seront ouvertes 91 jours par an, pour faire en sorte que les saumons puissent remonter le lit à des moments clés fixés par les stations de comptage, à la fin du printemps et à l’automne. En complément, même si ce dispositif a montré ses limites, un système d’ascenseur à poissons avec une passe servira en dehors de ces périodes de migration (voir les comptages). Ce projet devait également faire passer le lac de retenue de 3,5 km de long à 400 mètres maximum. En effet, l’impact de l’ouvrage lors de la dévalaison était considéré comme majeur avec un temps de transit dans la retenue très élevé voire un blocage total pour une partie des individus migrants.

Le nouveau Poutès est maintenant opérationnel. L’ascenseur modifié est en fonctionnement et des opérations de suivis complémentaires devraient permettre de mesurer la fonctionnalité du dispositif. Cependant, nous constatons que la retenue ne mesure pas les 400 m prévus mais à minima 1200 m, soit 3 fois plus que la longueur annoncée par EDF.  Des suivis seront mis en place pour mesurer la perte de stimulation de migration des smolts (juvéniles de saumon retournant grandir en mer) et des ravalés (reproducteurs retournant en mer pour une seconde reproduction) dans la retenue. Ces opérations de suivi devront permettre de valider ou non l’atteinte des objectifs pris en matière de réduction des impacts de l’ouvrage lors de la dévalaison. En parallèle de l’impact non négligeable sur la dévalaison, de l’augmentation d’un facteur 3 de la longueur de la retenue, celle-ci a pour potentielle conséquence d’impacter le succès de la reproduction en amont immédiat de l’ouvrage. Ainsi, en 2022, la remontée de l’eau de la retenue, plus longue que prévue, a eu pour conséquence l’ennoiement d’une ponte. Face à ce constat, les acteurs pilotes du projet Nouveau Poutès Optimisé devront nécessairement s’adapter en modifiant la gestion de l’ouvrage afin de préserver ces zones de fraies.

Queue de retenue du barrage de Poutès le 14 janvier 2022