Article de Catherine Simon – La Nouvelle République, le 3 octobre 2016.
Quel est le point commun entre un saumon sauvage et une truite fario ? Les auditeurs de la soirée consacrée aux « poissons d’ici et d’ailleurs » à Saint-Dyé récemment ont la réponse : l’un et l’autre ont un besoin vital de circuler librement pour leur reproduction.
« Evidemment, la truite fario remonte un peu moins loin que le saumon, mais elle peut aussi être gênée par les ouvrages d’art qui ne sont pas ouverts quand il le faudrait », précise Isabelle Parot. L’hydrobiologiste de la Fédération départementale de pêche intervenait pour une vision plus locale, après l’exposé d’Isabelle Baisez, directrice de l’association Loire Grands Migrateurs.
L’une et l’autre avaient été conviées par la Maison de la Loire à faire le point sur ces poissons, fréquentant le fleuve royal. Côté saumons, la bonne nouvelle, c’est que l’espèce de Loire, encore fragile, va mieux. « Il y avait à peine une centaine de géniteurs dans les années 80, aujourd’hui, on en compte 500, expose Aurore Baisez, autant dire que le plan Loire de 1998, qui a décidé de l’effacement de barrages majeurs a porté ses fruits. » La directrice de Logrami est moins fan des passes à poisson : « Le manque d’entretien les rend souvent inopérantes. »
L’anguille en danger d’extinction
Si le saumon va mieux, ce n’est pas le cas de l’alose et la lamproie, devenues vulnérables, ou encore l’anguille,« en danger critique d’extinction, avec à peine 1 % du chiffre des années 80 ! » Mais concluait-elle, exemple à l’appui sur le bassin de la Vienne, « il y a un réel potentiel de restauration des espèces si on leur offre un territoire propice ».
Un point commun encore avec le migrateur holobiotique – se déplaçant dans un même milieu – qu’est le brochet, comme l’a souligné Isabelle Parot : « C’est pour ça que la fédération a restauré 2,5 km de frayères dans la petite Loire, à Saint-Dyé, et sur un ancien bras du Beuvron. » L’hydrobiologiste a, par ailleurs, surpris l’assistance, en expliquant que le brochet était un des rares poissons autochtones. Pas moins de 43 espèces ont été introduites en France soit 50 % des poissons, et la première fut la carpe, à l’époque romaine ! Sandre et silure, même combat : l’un et l’autre viennent d’Europe centrale, à près d’un siècle d’intervalle il est vrai. « Et il n’y a pas d’étude scientifique permettant d’accuser le silure de tous les maux », prévient Isabelle Parot, qui s’inquiète plus de l’arrivée de petits nouveaux comme l’aspe « dont on ne connaît pas l’impact sur le milieu » ou pire, le pseudorasbora, classé nuisible à l’échelle mondiale. « Aujourd’hui, il vaudrait mieux ne plus introduire d’espèces en milieu naturel, même fermé », conclut l’hydrobiologiste. Migrateurs ou sédentaires, la richesse de la faune piscicole de Loire mérite les efforts de chacun pour sa préservation.
Catherine Simon