Les poissons grands migrateurs avancent leur calendrier de migration de montaison

Les poissons grands migrateurs (par ex. anguille, aloses, lamproie, saumon, truite de mer) vivent alternativement en eau douce et en eau salée pour accomplir leur cycle de vie. Ces espèces sont aujourd’hui en déclin en France (Legrand et al., 2020) et plus largement dans leur aire de répartition du fait des nombreuses pressions qu’ils subissent.

Pour suivre ces populations au fort enjeu économique et patrimonial, différentes stations de comptage sont implantées dans les cours d’eau français. En analysant les données de 40 stations localisées dans 28 cours d’eau nous avons mis en évidence une avancée des dates de migration anadrome (c.-à-d. de la mer vers les cours d’eau) de ces espèces excepté pour la civelle qui ne montre pas de modification. Pour les autres espèces, cette modification est en moyenne de -2,3 jours/décennie (min = −0,2 (lamproie), max = −3,7 (alose spp.)).

Ce décalage dans les dates de migration était bien expliqué par la température de l’air et de surface de la mer, par les débits des rivières et l’indice d’oscillation Nord-Atlantique, indiquant que des facteurs jouant à plusieurs échelles spatiales influencent ces dates de migration.

Ce résultat est en concordance avec de nombreuses études rapportant l’avancée des dates des moments-clés des cycles de vie des espèces et ce pour une large gamme de taxon (par ex. plante, oiseaux, mammifères, poissons).

Changement des dates de migration anadrome des poissons grands migrateurs en France entre 1984 et 2016. Les lignes pointillées-point indiquent les dates de début (c.-à-d. le jour julien où 5% de tous les individus ont migré), les lignes pleines les dates médianes (c.-à-d. le jour julien lorsque la moitié des individus ont migré) et les lignes pointillées les dates de fin (c.-à-d. le jour julien où 95% des individus ont migré). Les enveloppes grises indiquent les intervalles de confiance à 95% (source : Legrand et al., 2020 – Freshwater biology)