Le Plan de Gestion Anguille prévoit que dès 2009 35% des captures d’anguilles de moins de 12 cm soient réservés pour la mise à disposition sur le marché de repeuplement européen. Cette part sera progressivement augmentée à 60% à l’horizon du 31 juillet 2013.
Pourquoi prélever des anguilles pour repeupler ailleurs ?
[themify_box ]Etant donné qu’il est impossible à l’heure actuelle de reproduire artificiellement des anguilles européennes, le repeuplement est en réalité une opération de transfert d’alevins.[/themify_box]
Contrairement à certains Etats membres de l’UE, la France ne s’est pas engagée dans un programme de reconstitution basée sur le repeuplement interbassins (sur un plan national). En effet, les interrogations scientifiques à ce sujet restent trop nombreuses sur l’efficacité des transferts de civelles pour la reconstitution de l’espèce. Le volet Loire du PGA (Partie 3.1, p.31) rappelle que les expérimentations de déversement de civelles effectués sur la Loire à ce jour ont montré une mauvaise adaptation des civelles sur leur site d’accueil (croissance faible, arrêt de la migration de colonisation, fortes mortalités).
Toutefois, la France est tenue de respecter le règlement européen en matière de réservation des anguilles de moins de 12 cm pour les Etats membres qui souhaiteraient faire du repeuplement dans leurs bassins.
Quels sont les enjeux du repeuplement ?
La France est le principal fournisseur de civelles dans l’Union Européenne (80% de la production totale européenne). De leur côté, les plans de gestion allemand et néerlandais misent fortement sur les mesures de repeuplement pour répondre aux objectifs du règlement européen. Le marché du repeuplement, anecdotique jusqu’à présent, devrait connaître un essor important avec l’application de ce règlement.
Le marché asiatique est le principal acheteur depuis une dizaine d’années et absorbe entre 40 et 50 tonnes de civelles chaque année, mais cette demande est freinée par la chute du cours mondial de l’anguille (de 8,75 à 6,40€/Kg en 2 ans). La mise en place d’un quota à l’exportation hors UE par l’inscription de l’anguille à l’annexe II de la CITES a pour objectif de contrôler de près la commercialisation de l’espèce, compte-tenu de l’effondrement du stock.
Les pêcheurs civelliers de Loire dépendent largement de la ressource en civelle : elle correspond en moyenne à plus de 60% de leur chiffre d’affaires (Source : Conapped, 2009). La diminution des possibilités d’export est donc un enjeu très important pour ces entreprises, qui attendent beaucoup du développement de la filière de repeuplement pour le soutien du prix d’achat des civelles. En effet, les plans de gestion anguille de plusieurs états membres de l’UE s’appuient principalement sur l’importation de civelles pour le maintenir l’espèce dans leurs bassins versants et répondre aux objectifs du Règlement européen.
D’où viennent les anguilles destinées au repeuplement ?
Toutes ces anguilles ne sont pas destinées à repeupler les bassins de nos voisins européens. En effet, la France a proposé que 5 à 10% des civelles capturées soient destinées aux opérations de repeuplement des bassins français. Pour assurer ces opérations, la France devrait se doter pour deux ans d’un dispositif expérimental de repeuplement sur son territoire.
Les sites potentiels de repeuplement en France sont choisis pour chaque bassin versant pour éviter une situation défavorable à une bonne survie des alevins : mauvaise qualité de l’eau, existence d’une pêcherie ciblée, obstacles à la montaison ou à la dévalaison, etc.
[themify_box ]Il est important de rappeler que les civelles destinées au repeuplement sont prélevées sur les captures des pêcheries professionnelles, et comptabilisées dans le quota français de captures de civelles. Le repeuplement ne doit pas créer de captures au-delà du quota, mais peut créer un maintien de l’effort de pêche en offrant un débouché supplémentaire à la capture de civelles.[/themify_box]
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