Les poissons amphihalins de France face au changement climatique : la thèse est en ligne !

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Les poissons amphihalins sont en déclin en France et dans le monde. Vivant alternativement en eau douce et en eau salée, ils sont confrontés à de nombreuses pressions auxquelles s’ajoute celle du changement climatique, qui entraîne principalement 3 grandes modifications : (i) changement de l’aire de distribution des espèces, (ii) modification du calendrier des moments clé des cycles de vie, et (iii) modification du synchronisme spatial des populations. Espèces emblématiques de nos cours d’eau et à forte valeur économique, les poissons amphihalins font l’objet de plan de gestion partout en France, la plupart du temps à l’échelle des bassins-versants, avec peu de mise en perspective sur l’état de ces populations à l’échelle française. L’objectif de ce travail est de contribuer à combler ce manque en analysant des données collectées dans tous les bassins-versants français. 

Basées sur ce jeu de données, nous avons posé 3 questions : (i) comment les comptages des poissons amphihalins ont-ils évolué en France ces 30 dernières années, (ii) ces taxons ont-ils modifié leur calendrier de migration au cours de cette période d’étude, et quels en sont les paramètres explicatifs, et (iii) observe-t-on un synchronisme spatial dans les dynamiques et dans les calendriers de migration de ces populations, et quels en sont les paramètres explicatifs.

Nous montrons que l’évolution des comptages est contrastée entre les taxons et les bassins-versants, avec des taxons en diminution à l’échelle française (les aloses et la lamproie marine) tandis que d’autres sont en augmentation légère ou en stagnation. Alosa spp. est à la fois le taxon montrant la plus forte diminution de ses comptages à l’échelle française et la plus grande homogénéité entre les stations, attestant d’un déclin assez généralisé en France. L’analyse des calendriers de migration a permis de mettre en évidence une avancée globale des dates médianes de migration de l’ensemble des taxons, excepté les civelles, d’en moyenne -2,3 jours par décennie (min = -0,2 ; max = -3,7). Alosa spp. est le taxon montrant l’avancée la plus importante. L’ensemble des paramètres environnementaux testés influence les migrations, attestant de l’importance de considérer ces paramètres à différentes échelles. Enfin, nous montrons que le synchronisme de ces taxons reste modéré à l’échelle nationale et qu’il est toujours plus fort à l’échelle des bassins-versants. Parmi les taxons étudiés, Alosa spp. est celui ayant le plus fort synchronisme des effectifs, quelle que soit l’échelle considérée. Ces résultats contribuent à l’apport de connaissances nécessaires à la prise de décisions pour gérer le plus efficacement possible ces populations.