Le projet d’ouvrage de Bellevue s’adapte aux migrateurs

Le programme de rééquilibrage du lit de la Loire prévoit la construction d’un ouvrage submersible (duis) au fond du lit de la Loire en amont de Nantes, au niveau du seuil rocheux naturel de Bellevue, près de Sainte-Luce sur Loire (secteur C).

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Cet article est publié dans Paroles de Migrateurs n°20

L’objectif des travaux, prévus de 2023 à 2024, est de créer un obstacle aux sédiments afin de retenir dans le lit de la Loire les sables libérés par la suppression des épis qui chenalisent la Loire en amont, dans les secteurs A et B. L’ouvrage de Bellevue est une composante majeure des efforts pour remonter la ligne d’eau de la Loire.

Représentation du projet de duis submersible en amont du pont de Bellevue. Source VNF

Sa conception est passée par de nombreuses versions comme un rétrécissement du lit ou le passage du chenal en rive droite. Elles ont été testées par modélisation numérique et physique (par la construction d’un modèle réduit) et la version définitive a été validée en concertation au printemps 2018 : un duis (seuil submersible) en travers, venant s’appuyer sur le socle rocheux existant et laissant libre le chenal nord (rive droite). La solution plus « naturelle » d’une simple augmentation de la rugosité du fond avait été examinée, mais elle a été écartée en raison de son coût trop élevé (+20% du budget) et parce qu’elle n’était pas assez efficace pour relever la ligne d’eau.

Quel impact pour les poissons migrateurs ?

L’ouvrage est conçu pour avoir un impact sur la ligne d’eau surtout à marée basse et à débit modéré, donc plutôt en dehors des périodes de migration préférentielles des amphihalins. Le chenal nord est lui franchissable en tous temps.

Cependant comme tout obstacle à l’écoulement de l’eau, cet ouvrage pourrait perturber la migration des espèces amphihalines qui sortent alors de la zone d’influence de la marée de l’estuaire pour s’adapter à la nage à contre-courant vers les zones de croissance et de reproduction de l’ensemble du bassin de la Loire. Ce secteur représente donc une étape importante de leur migration et le moindre blocage pourrait les surexposer à la prédation, la pêche ou le braconnage. L’entonnoir que forme la Loire à cet endroit est déjà considéré comme la meilleure zone de pêche par les pêcheurs professionnels locaux (témoignage publié dans Ouest-France le 4 mai 2018).

Suite aux réserves exprimées par l’OFB concernant le risque posé par ce projet sur un cours d’eau classé sur lequel il est interdit de créer un nouvel obstacle à la continuité, des analyses complémentaires ont été menées par le bureau d’études FISH-PASS. Sur la base de ces résultats, VNF a ajouté un dispositif de franchissement, à l’endroit où le duis rejoint la berge et où les poissons pourraient rencontrer des difficultés, notamment à marée basse en période d’étiage.

Carte des travaux sur le secteur C. Source VNF

Cette optimisation consiste à créer une échancrure et une rampe à seuils successifs destinée à réduire la pente et ralentir les vitesses de courants. Elle est susceptible de réduire l’impact de l’ouvrage sur les poissons migrateurs mais nécessite une modification importante de l’ouvrage et des travaux d’enrochement, soit une estimation de 1,8M€ sur un total de 24M€.

A l’heure actuelle, il n’est pas possible de savoir si cette optimisation suffira à éviter tout retard de migration ou une accumulation des poissons dans le chenal en rive gauche. Mais un programme de suivi ambitieux est prévu pour vérifier les conditions et le comportement de franchissement des poissons migrateurs, avant même les travaux d’aménagement afin de se baser sur un état initial du secteur.

En savoir plus : https://reequilibrage-loire.vnf.fr/les-travaux/secteur-c/

Vidéo de présentation par VNF