Front de colonisation de l’anguille 2013

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Mise à jour le 22 septembre 2015

recrutement fluvialMise à jour 2014 des indicateurs de colonisation des anguilles sur le Bassin Loire à partir du Réseau Anguille de Loire 2013 (Données LOGRAMI – ECOLAB – FDAAPPMA).

Au cours de l’été 2013, les équipes de LOGRAMI, les fédérations départementales pour la pêche et la protection des milieux aquatiques du Bassin Loire l’ECOLAB de Toulouse ont joint leurs efforts pour mettre en oeuvre une campagne de suivi de la population d’anguilles à l’échelle du Bassin Loire. L’objectif était de produire un état des lieux de la population d’anguilles et de suivre sa colonisation du bassin le long de la Loire, de ses principaux affluents et de plusieurs fleuves côtiers.

Au total, 279 sites ont ainsi été prospectés par pêche électrique sur une vingtaine de départements (voir carte parue dans Paroles de Migrateurs n°8). Sur l’ensemble de ces sites, 36 000 poissons ont été identifiés dont 2717 anguilles qui ont été mesurées et décrites selon un protocole commun. Ces données ont fait l’objet d’un rapport d’étude publié par l’ECOLAB et LOGRAMI (CANAL et al., 2013) dont plusieurs résultats sont synthétisés ici.

La colonisation du Bassin de la Loire par les anguillettes

Dans l’estuaire, la population d’anguilles du bassin de la Loire se renouvelle par l’arrivée massive d’alevins, les civelles. Beaucoup ne survivront pas en chemin. Une partie colonise le bassin de la Loire en sortant de l’estuaire pour remonter les rivières et chercher un habitat favorable à leur croissance. Seules les anguilles les plus âgées, des femelles, poursuivront ensuite leur chemin en direction des têtes de bassin.

Abondance des anguillettes sur l’Axe Loire

L’indice d’abondance est mesuré par rapport aux effectifs comptabilisés sur chaque site échantillonné, rapportés à un effort de pêche commun (Nombre moyen d’anguilles par point d’échantillonnage).

Sur l’axe de la Loire aval, qui avait été prospecté entre Nantes et Montsoreau en 2005 et 2010, les résultats montrent que les civelles sont arrivées plus nombreuses en 2013 : les anguillettes de l’année, de taille inférieure à 150 mm, sont plus abondantes, alors que les autres classes de taille sont stables par rapport à celles observées en 2010 (graphe ci-dessous). Les résultats montrent néanmoins que malgré un bon recrutement le niveau général d’abondance des anguilles reste encore trop faible sur le bassin Loire.

Front de colonisation sur l’axe Loire

Pour les anguilles, le front de colonisation est l’indicateur du recrutement fluvial. Il est mesuré par la distance D0,5 – distance depuis l’estuaire à laquelle la probabilité de capturer une anguillette (inf. à 300 mm) lors d’un échantillonnage ponctuel d’abondance devient inférieure à 50 %. Cette distance est liée à l’abondance du recrutement en civelle, leur survie (échappement à la pêche et à la prédation), aux conditions hydrologique et à la continuité écologique des axes de migration.

Les anguillettes ont progressé plus loin que les années précédentes à la même période : Le front de colonisation (voir encadré) a ainsi été mesuré à 90 km de la sortie de l’estuaire soumis à la marée, au niveau de la ville de Saumur, soit à 30 km en amont du front de colonisation de 2010 et 2005, ce qui témoigne du bon recrutement observé en 2013.

Ces résultats peuvent s’expliquer par la conjonction d’une atteinte précoce des quotas de pêche des civelles, entraînant une fermeture de la pêche laissant libre la colonisation du bassin par les individus arrivés après cette fermeture, et des débits élevés en 2013, notamment avec une crue très importante au mois de février, et une série de crues de printemps, qui ont d’une part attiré les jeunes anguilles dans l’estuaire, puis ont favorisé leur colonisation vers l’amont dans le bassin versant. Les analyses seront poursuivies pour mieux comprendre les différences observées entre les affluents et interpréter les résultats à l’échelle départementale.

Répartition de la population sur le Bassin Loire

L’abondance des anguilles est principalement liée à la distance du site à l’océan. La moitié des anguilles ont été capturées à moins de 67 km de l’estuaire (limite maximale d’influence de la marée). La taille des anguilles observées est elle aussi dépendante de la situation sur le bassin. La Loire aval accueille une population jeune dominée par les individus de moins de 30 cm, par rapport aux populations relictuelles, dominées par des individus âgés, en densité faibles, en Loire amont, Allier et à l’amont de certains affluents.

A même distance de la mer, les anguilles sont plus abondantes sur l’axe principal de la Loire, libre d’obstacles. Ainsi, sur les bassins de la Mayenne, de la Sarthe et du Cher qui comportent la densité la plus forte d’obstacles à la migration de l’anguille, les plus jeunes (inf. à 150 mm) n’ont pas été observées, alors qu’elles ont été capturées sur le bassin de la Vienne, situé pourtant dans la même zone géographique.

La campagne 2013 a montré que le réseau Anguille Loire pouvait fournir un état des lieux de la population à l’échelle du Bassin. Les prochaines campagnes, prévues tous les 3 ans, permettront de suivre l’évolution de la population et de son renouvellement.

Tous ces résultats sont détaillés dans le rapport téléchargeable ci-dessous.

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